Médecine esthétique: ce qu’il faut savoir avant d’oser peelings, skinboosters et injections

Les médecins le disaient depuis longtemps. Les femmes qui commencent tôt et à petites doses les interventions ont un visage plus naturel que celles qui se décident sur le tard. Nos conseils avant de se lancer.

« Toi, tu as fait quelque chose, non? » La question, autrefois taboue, est devenue quasi banale. Recourir à la médecine esthétique est désormais un secret de Polichinelle. Franchir le pas dès 30 ans, en revanche, surprend toujours. Pourtant, le phénomène n’est plus réservé aux control freaks. Dans certains pays asiatiques, les femmes qui fantasment sur les visages sans rides entament les procédures à 25 ans. Sans que cela ne choque personne. En France, l’idée est toute nouvelle, portée notamment par un groupe d’experts mené par le Dr Philippe Kestemont, chirurgien maxillo-facial, qui travaille assidûment sur le sujet depuis une quinzaine d’années. Il avance aujourd’hui les preuves, photos à l’appui, que la prévention paie. D’une façon générale, le sujet fait plutôt consensus chez les médecins. Plus tôt on intervient sur un visage, plus les résultats sont naturels et mieux il vieillit.

L’idée est autrement plus choquante pour le grand public, qui peine à imaginer un visage aux contours encore poupins se faire injecter. Mais la nouvelle génération, qui a grandi avec toute une flopée de stars accros à la chirurgie esthétique, est cependant plus ouverte à ces questions. Elle n’a pas connu les ravages des premières heures de l’esthétique, et n’exclut pas d’y recourir en cas de besoin, même demain. Le point en 8 questions.

Qu’entend- on par « commencer tôt »?

Certaines patientes consultent à 25 ans. L’idée n’est pas de pousser toute la génération Y dans les cabinets esthétiques, mais de répondre à la demande de ceux qui en ressentent le besoin. Chez certains sujets, les signes de vieillissement peuvent se manifester vraiment tôt et être très mal vécus. Dans ce cas, il n’y a pas de raison d’attendre pour intervenir. Mais cela ne veut pas dire qu’après 30 ans c’est trop tard! Tout est une question d’envie.

En quoi est- ce plus intéressant d’intervenir sur une personne jeune?

En commençant tôt les procédures esthétiques, on arrive à pallier les effets du temps avec des techniques plus douces et plus légères. A un âge plus avancé, il faut frapper plus fort pour obtenir le même résultat, ou espérer s’en approcher, car, lorsqu’une ride est installée, il n’est pas toujours facile de la déloger! Quant au résultat obtenu, il est souvent plus visible.

Par quelles procédures conseille-t- on de débuter?

En général, on préconise les traitements de surface qui améliorent la qualité de peau. Par exemple, des peelings superficiels, qui stimulent le renouvellement cellulaire et dispersent les amas de mélanine, pour un teint plus clair et plus éclatant. En prime, ils stimulent la synthèse de collagène. Les médecins proposent des traitements avec un protocole simple, nécessitant peu de séances, à refaire une fois par an environ. Dans cette catégorie, les peelings à la vitamine A acide (environ 50 euros la séance), à l’acide lactique (50 euros) ou à l’acide glycolique (60 euros) utilisé à des concentrations croissantes sont très performants. Si la peau est très terne, ce qui est fréquent chez les fumeuses, on peut compléter avec un mésolift, une injection de vitamines antioxydantes dans tout le visage (50 euros). Pour les peaux très sèches, la nouveauté en vogue se nomme les skinboosters: une injection d’acide hyaluronique en nappage sur l’ensemble du visage restaure une hydratation en profondeur (200 euros la séance).

Pour les injections, dans quels cas précis intervient- on?

Dans les cas d’hypertonie musculaire. Il est par exemple fréquent que les jeunes femmes très souriantes présentent un sillon naso-génien marqué. Elles contractent tellement fort et de façon si répétée leurs zygomatiques qu’elles créent, à l’intérieur du pli, une fracture cutanée, sorte de fine ride qui ne disparaît pas, même au repos. Des rides du lion (entre les yeux), générant une expression négative sur le visage, peuvent apparaître tôt également chez des étudiants concentrés sur leur travail. On traite toutes ces fractures cutanées avec de faibles doses de toxine botulique (environ un tiers de ce qui est recommandé dans les thérapeutiques antirides habituelles), et on réinjecte en moyenne tous les ans (contre deux ou trois fois par an chez une personne plus âgée).

Dans un autre registre, des cernes creux, qui donnent au visage un air fatigué en permanence, représentent un bon motif de consultation. Ils apparaissent souvent chez des sujets avec un visage mince, qui ont une vie nocturne animée, fument, boivent, dorment peu. Dans ce cas, on les corrige avec un acide hyaluronique très fluide. « Là, les doses ne sont pas forcément plus légères que chez la patiente mature, mais on se limite à l’injection du cerne. Pas besoin de restructurer les tissus profonds en périphérie », rapporte le Dr Eric Essayagh, médecin esthétique.

Sur la bouche, il y a différentes raisons d’intervenir. La première concerne les bouches très fines, dont la lèvre rose est complètement déshydratée, craquelée, « blanchie ». Dans ce cas, le médecin injecte quelques gouttes d’un acide hyaluronique non volumateur (Emervel Classic, Restylane) qui restitue illico à la muqueuse sa couleur naturelle. Quelquefois, on observe aussi une légère altération du contour, avec la présence de fines ridules. On les traite avec de toutes petites doses d’acide hyaluronique dans la lèvre rose, afin qu’elles ne creusent davantage. Une fois tous les dixhuit mois, cela suffit amplement.

Quelles précautions le médecin doit- il prendre vis-à- vis des jeunes patientes?

Les médecins injectent des produits sécurisants, entièrement résorbables, en petites quantités, à des endroits bien définis, et le moins souvent possible. Et privilégient l’utilisation de microcanules souples et à bout en mousse plutôt que les aiguilles, qui sont plus agressives pour les tissus et font peur aux patients. Le traitement est moins douloureux, surtout si l’on injecte des produits avec anesthésiant, et l’on réduit le risque d’ecchymoses. « Par ailleurs, afin de ne pas exposer le patient à d’éventuelles réactions inflammatoires, je réinjecte toujours la même variété d’acide hyaluronique sur un même site, même si l’utilisation croisée de différents produits ne pose a priori pas de problème », précise le Dr Philippe Kestemont, chirurgien maxillo-facial.

Les interventions sont- elles moins coûteuses?

Si le médecin n’a besoin que de faibles quantités de produit, a priori l’acte devrait être facturé moins cher. Il existe aujourd’hui dans les grandes marques d’injectables (Restylane, Emervel, Juvéderm) des demi-seringues d’acide hyaluronique (0, 5ml au lieu de l’habituel 1 ml), qui permettent de minimiser les pertes. Toutefois, il faut aussi prendre en considération la complexité de la procédure.

A quel spécialiste faut- il s’adresser?

A tout médecin spécialiste de l’esthétique : dermatologue, médecin esthétique, médecin morphologue et antiâge, chirurgien plasticien. L’essentiel, c’est qu’il soit capable de justifier d’une solide formation dans le domaine de l’esthétique, universitaire ou privée. Pour trouver le bon spécialiste, faites marcher le bouche-à-oreille.

Quelles crèmes doit- on prévoir avant et après une intervention?

Depuis cinq ans, de nombreux produits anti-âge s’inspirent des techniques issues de la médecine esthétique et donnent des résultats probants. Après une intervention, on choisit des gammes adaptées aux peaux sensibilisées.

Quel risque de dépendance?

Cécilia Commo, psychologue: « Vouloir conserver un visage jeune le plus longtemps possible n’est pas choquant. Si le besoin de la jeune femme est motivé, le fait d’intervenir sur son visage n’est pas dangereux, car les actes de médecine esthétique proposés sont réversibles. A 20 ans, on est très conscient de ce que l’on fait! Le risque de dépendance à la médecine esthétique n’est pas plus élevé que lorsqu’on commence plus âgé. Il existe des cas plus problématiques, lorsque les jeunes femmes ont une très mauvaise image d’elles-mêmes et cherchent à tout prix à plaire à leur entourage, par exemple. De même, certaines femmes ayant atteint la quarantaine courent après le visage de leurs 20 ans. Celles-ci finissent par devenir addicts à la médecine esthétique, avec toutes les transformations que cela peut entraîner sur leur visage. »

Source : http://www.lexpress.fr/styles/medecine-esthetique-ce-qu-il-faut-savoir-avant-d-oser-peelings-skinboosters-et-injections_1675621.html#tad9SH3rEypORwSZ.01

Date de dernière mise à jour : le 29 avril 2015 à 21:16

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